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la gare de Sants

31 Octobre 2014 , Rédigé par roland viard

L’autre viol

A la gare de Sants

Que toutes les femmes et les êtres humains en général qui ont été, sont ou seront victimes de viol, me pardonnent la comparaison qui suit.

Il n’est pas question de minimiser un instant le viol, acte totalement inacceptable et qui représente une des atteintes les plus graves à la personne. Les cultures ou les communautés qui le considèrent encore comme inévitable, voire acceptable, devraient être évidemment mises au ban de la société mondiale et chaque coupable puni le plus sévèrement possible.

Mon propos est d’expliquer qu’il existe des vols que l’on peut quasiment assimiler à des viols, ceux touchant à l’intimité d’une personne et à sa vie privée. Bien sûr, accessoirement, on devine que la possibilité de cette comparaison est accentuée par la particularité de la langue française, dans laquelle il suffit d’ajouter ou d’enlever un « i » pour passer de l’un à l’autre.

Je suis un homme sans patrimoine, ne possédant quasiment rien, sans avoir ni dettes, une sorte de marginal de la société de consommation.

Hormis quelques vêtements, quelques ustensiles ménagers, un lit, un canapé, des livres et quelques objets ayant surtout une valeur sentimentale, rien n’est à moi dans l’appartement que je loue. Je ne possède ni maison, ni appartement, ni voiture.

Mes seuls biens précieux, au sens commercial, sont un vélo, un ordinateur portable et un appareil photos.

Le vélo me permet de me déplacer, l’ordinateur de communiquer et de stocker ce qui m’est personnel (images, écrits) et l’appareil photos de capter à la fois des souvenirs et un peu de la beauté du monde, pour faire partager tout cela ensuite à l’aide de l’ordinateur.

Un certain temps avant le « viol », j’avais été victime de sortes « d’attouchements », de vols préliminaires. Par deux fois on m’a dérobé mon vélo, d’abord dans un sous-sol d’immeuble à Aix en Provence, et ensuite, il y a seulement trois mois, devant un bureau de poste à Perpignan. A chaque fois le voleur a dû s’employer, forcer le passage, car le vélo était normalement en sécurité.

Puis est arrivé le 23 octobre. J’étais assis sur les marches du jardin public situé près de la gare de Sants à Barcelone, dans l’attente d’un train pour Perpignan. Près de moi, mais pas devant moi malheureusement, sur le côté, j’avais posé mes bagages : une valise, un bagage à main et mon sac à dos dans lequel était rangé tout mon « patrimoine » : ordinateur, appareil photo, clés USB, portefeuille, documents d’identité, cartes bancaires et divers papiers.

Trente secondes d’inattention ont suffi à ce qu’une bande organisée subtilise ce sac à dos.

Ce n’est que le lendemain, en essayant de comprendre et de refaire l’histoire, que j’ai réalisé combien cette inattention avait été provoquée (et rendue possible aussi en partie par le fait que le sac était seulement à côté de moi). Je me souviens maintenant de ces deux couples venus s’installer, l’un à gauche et l’autre à droite, en contrebas sur les marches. Le premier couple a commencé à s’enlacer de façon démonstrative puis le garçon du deuxième couple est venu me demander si j’avais une cigarette ou du feu. Et je n’y ai vu que du feu…

Quelques minutes après, au moment de partir et de charger mes affaires, je me suis rendu compte que le sac à dos avait disparu.

Dedans il y avait une partie de ma vie que j’aurais dû être seul à connaître ou à dévoiler : photos, écrits, renseignements de toutes sortes, les images de ma famille et d’amis, qui je suis et où je vais. Ces voleurs connaissent mon visage, ont mes coordonnées et possèdent, ou plutôt ont possédé, les clés de mon logement. Ils ont même accaparé les jolies pièces de monnaie de Malte que j’avais précieusement mises de côté pour les enfants et les petits enfants et qui pour eux ne représentent rien d’autres de que des euros ou des centimes comme les autres.

Ces gens ont forcé mon intimité et pénétré ma vie. Ils l’ont fait non pas parce qu’ils avaient faim ou froid (auquel cas ils auraient été pardonnés), mais par état d’esprit, par profession, pour se faire de l’argent de façon aisée et malhonnête. Ils ont accaparé une partie de mon existence et en ont effacé certaines traces à tout jamais. Je les méprise autant qu’ils m’ont blessé.

Il est clair que je ne serai plus tout à fait le même après cet événement. C’est en moi comme un souvenir douloureux qui m’oblige à rester dorénavant sur le qui-vive.

Se retrouver un soir à la gare de Sants, sans argent ni papiers, dépouillé de tout ce qu’on transporte de valeurs et savoir que son intimité vient d’être livrée à des gens sans scrupules, donne le sentiment d’avoir été victime d’un v(i)ol. Sans violence corporelle. Mais reste un traumatisme ineffaçable.

la gare de Sants
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